Body Thinking ! C’est le maître mot de cette fashion week londonienne, qui n’a eu de cesse de décliner son obsession pour le corps, le corps révélé, sexualisé ou dé-genré, sublimé ou fétichisé ; bref le corps avant tout, le corps qui redevient la matrice même de la mode, sa raison d’être, sa chair et même son âme. La créativité légendaire des designers londoniens s’est abondamment exprimée autour de cette obsession corporelle, riche d’expressions diversifiées, charnelles ou politiques, comme pour tourner la page d’une longue période de repli sur soi, d’une vie aseptisée par les écrans et tenant à distance le contact humain.
Fin de la séquence donc, let’s get physical !
Le corps ciselé
Nensi Dojaka, boostée par son LVMH Prize de la saison dernière, poursuit son travail autour de la corsetterie et élargit son vocabulaire avec un spectre de matières plus diversifié. Mais l’intention reste la même, celle de proposer une mode sensuelle et chic, ultra-valorisante pour les femmes qui la porte. Mark Fast, quant à lui, dessine des robes de vestales urbaines, faites d’entrecroisements travaillés en extension sur le corps, pour une femme-liane au corps tonique.
Le corps dégenré
Deux expressions de mode radicalement différentes et pourtant un parti-pris commun autour du gender-fluid, concept qui pourrait définir le designer Harris Reed lui-même, qui propose sa 2ème collection demi-couture, ultra théâtrale sur un casting féminin et masculin, si tant est que cette terminologie signifie encore quelque chose dans ce contexte. Chez Matty Bovan, à l’exception de l’ouverture et du final confiés à la magnifique Irina Shayk, l’intégralité de la collection est présentée sur des garçons.
Le corps fétichisé
Sous les grandes robes à fleurs de Richard Quinn, le corps des mannequins est gainé de latex noir, créant un saisissant contraste visuel entre ses soieries aux volumes haute-couture et la brillance fétichiste du noir laqué. Chez David Koma, « Diamonds are a Girl’s Best Friends » avec l’incrustation de bijoux autour des jambes, du coup, des bras…, avec cuissardes et strass, bref un sexy-glam au male gaze totalement assumé.
Le corps découpé
Christopher Kane, l’un des noms les plus ancrés dans la fashion week londonienne, décide lui, de découper ses silhouettes avec des hublots graphiques positionnés sur différentes parties du corps.
L’idée de travailler de grands ajourés pour construire la silhouette se retrouve aussi chez les jeunes designers émergents du collectif Fashion East : Jawara Alleyne et Maximilian Davis, symboles de la génération montante.
Le corps performance
La label Preen a décidé de présenter sa collection sur les très jeunes danseurs de l’English National Ballet School, donnant ainsi une dimension presque subversive à la collection, en rupture avec les canons et standards habituels des défilés. Et pour l’ambiance underground dont Londres a le secret, plongez donc au coeur de la performance échevelée du label alternatif Sports Bangers… !
Youtube – Preen by Thornton Bregazzi London Woman FW 22-23
Le corps mystère
Simone Rocha n’a rien d’une créatrice frivole ou sexy, loin de là ; son univers au romantisme obscur souvent empreint de mysticisme n’expose pas le corps aux regards mais cependant, par des jeux de transparence placée, la collection révèle ou plutôt suggère subtilement la présence du corps sous des robes aux accents presque gothiques.
À bientôt pour la fashion week de Milan !
